L’Oreille : Un Trésor Incomparable

Chers Lecteurs,

Aujourd’hui, alors que je me trouvais en répétition, très concentrée et tout « ouïe », je me suis subitement retrouvée fascinée par les facultés inouïes de l’oreille humaine…

L’oreille est sans doute l’un des organes les plus fragiles et ce, malgré une capacité naturelle extraordinaire qui surpasse toutes technologies sonores, même les plus perfectionnées. L’oreille est capable de distinguer un nombre impressionnant de sons et de fréquences. Aussi, plus la concentration est grande et plus l’oreille est en mesure d’identifier les sons. Imaginez, par exemple, un chef d’orchestre : ce dernier est capable d’entendre toutes les voix musicales écrites dans la partition, ainsi que les harmonies complexes que constituent ensemble les nombreux instruments de l’orchestre qu’il dirige. Il peut percevoir la moindre erreur ou la moindre modification sonores, même au sein d’une seule section de son ensemble. C’est d’ailleurs le propre d’un grand chef d’orchestre : son pouvoir d’écoute !

Un musicien développe son oreille tout au long de sa vie. Une écoute très approfondie des subtilités sonores forge l’oreille. Elle devient alors très aiguisée et apte à déceler des détails beaucoup plus affinés.

L’oreille bâtit une « image mentale » du contexte sonore qui l’entoure. Les bruits ou les sons, caractérisés par leur puissance et les fréquences graves ou aiguës, provoquent des vibrations aériennes qui atteignent le tympan. L’oreille perçoit alors ces vibrations en sensations auditives. Bien entendu, ces sensations sont transmises au cerveau.

Les sons musicaux représentent des couleurs et des effets, parfois minimes mais pourtant, si importants au sein d’une interprétation de qualité. Ensuite, un musicien se produit souvent au sein d’un groupe. Il doit donc savoir s’écouter tout en écoutant les musiciens qui l’entourent, voire anticiper intérieurement le texte musical qu’il interprète. Un instrumentiste à cordes doit aussi apprendre à corriger les notes qu’il joue. Un violon, par exemple, ne possède pas de touches aux notes musicales prédéfinies. Il crée lui-même la note. Il lui faut donc une oreille très entrainée afin de faire les ajustements adéquats.

Je me souviens que lorsque j’étais en plein montage de l’un de mes enregistrements, j’avais été émerveillée de découvrir de nouvelles voix au sein de la partition de l’œuvre que j’avais enregistrée. Et pourtant, je l’avais étudiée et analysée scrupuleusement. Je connaissais toutes les parties en détails. Mais mon oreille m’a surprise et m’a dévoilé d’autres prodiges de la partition que j’interprétais.

L’oreille est un abîme sans fond tout comme la force de la nature dont nous faisons tous partie intégrante…

Et malgré tout ceci, Beethoven écrivit sa grandiose Neuvième Symphonie alors qu’il était…sourd. Comme Romain Rolland décrivit ce géant de la musique : « Il est bien davantage que le premier des musiciens. Il est la force la plus héroïque de l’art moderne. Il est le plus grand et le meilleur ami de ceux qui souffrent et qui luttent ».

Soignez vos oreilles, qu’elles soient celles d’un musicien ou celles d’un mélomane. Surveillez les expositions prolongées aux décibels élevés. Les lésions peuvent être malheureusement irréversibles.

Bonne écoute !

Laurence